Comment tu sais que ton client est vraiment en burnout

Apriori, si mon client me dit qu’il est en burnout, j’ai tendance à le croire. Je suis peut-être naïve, mais je ne vois pas trop pourquoi les gens viendraient payer une séance de coaching pour se faire accompagner si ce n’est pas nécessaire. Je ne cache pas ce que je fais. Ils savent que j’accompagne des personnes en (pré)burnout ou en reconversion professionnelle quand ils prennent rendez-vous chez moi.

Mes clients arrivent rarement chez moi par hasard

Et puis, personne n’arrive en consultation chez moi par hasard. Le médecin généraliste, psychiatre ou psychologue a conseillé à mon client potentiel d’aller voir un coach. Souvent, on s’adresse à moi au moment où se pose la question de la reprise du travail. Le diagnostic a déjà été posé par le médecin depuis un certain temps. Pour être tout à fait honnête, c’est une situation très confortable pour moi : je sais que mon futur client est bien suivi, bien soigné et qu’il a suffisamment récupéré pour commencer le coaching et préparer le retour au travail. Si ce n’était pas le cas, le médecin, le psychiatre ou le psychologue ne lui conseillerait jamais d’entamer un travail avec un coach. Dans cette situation, je ne me pose même pas la question, la réponse est claire et je n’ai aucune raison de m’en faire.

Parfois, les choses ne sont pas si simples…

Et la situation est parfois vraiment délicate : la personne qui se présente s’attend à ce que je pose un diagnostic. Il se sent proche du burnout, au bout du rouleau ou dysfonctionne au boulot. Il pense que je vais poser un diagnostic et lui donner « vite-fait » une recette pour pouvoir continuer à travailler et à vivre comme il le fait depuis des années. Mode de vie qui est justement à la source de son épuisement. Et là, franchement, c’est parfois compliqué de le convaincre d’aller voir son médecin.

Pourquoi ne veut-il pas aller voir son médecin (et ne parlons même pas d’un psychiatre) ? La réponse que j’entends le plus souvent, c’est « il va me mettre au repos et je ne peux/veux pas être absent du travail ».

« Et, que faites-vous alors, Isabelle ? Vous l’accompagnez sans savoir s’il est vraiment en burnout ? »

…et je refuse momentanément la prise en charge

Pas facile, la question ! Et aux questions compliquées, j’aime répondre de façon nuancée : « ça dépend de la situation ».

Parfois, je suis contrainte d’insister et de diriger mon client potentiel vers son médecin avant d’accepter une mission d’accompagnement.

Pourquoi ?

Parce que la personne est déjà épuisée après 30 minutes de consultation, n’arrive pas à aligner ses idées, perd ses mots et n’arrive pas à se concentrer. Elle n’a tout simplement pas l’énergie ni les ressources pour remanier sa vie pour le moment. Elle est « obligée » de prendre du repos avant d’envisager le coaching. Coaching qui sera parfois précédé d’un travail psychothérapeutique chez un psychologue pour identifier les causes profondes de son épuisement.

Parce que la personne est dans un état émotionnel tel que je m’inquiète pour elle, je crains que le coaching fasse plus de mal que de bien. 

Parce que la personne en face de moi a des idées noires, ne semble plus voir d’issue ou me semble dans un état proche du désespoir.

J’ai les outils pour accompagner quelqu’un qui veut échapper au burnout ou rebondir après un burnout. Mais je n’ai ni les outils ni la formation (ni le droit) de prendre en charge des personnes en dépression ou au bord du suicide. Et comment savoir si quelqu’un est en dépression ou risque de passer à l’acte ? Ou en burnout ? En faisant poser le diagnostic par un médecin. Et je ne suis pas médecin, donc je ne pose pas de diagnostic ;-).

Dans ces situations, je ne prends aucun risque (ni pour la personne en souffrance, ni pour moi). Je partage mon inquiétude et j’oriente la personne qui est venue me voir vers un médecin généraliste ou un psychiatre. En fonction du diagnostic posé, le travail de coaching peut commencer ou est reporté à plus tard.

Et certains ne reviennent pas

Et là, vos interrogations fusent : « Vous n’avez pas peur de perdre votre client, Isabelle ? Il était dans votre cabinet et vous le « chassez ». Et s’il ne revient pas ? »

Eh bien, s’il ne revient pas, ça fait partie du jeu. Ça arrive, je ne vous le cache pas. Et je préfère « perdre » un client par « excès » de prudence que par défaut de prudence. Un accompagnement inadéquat est, à mes yeux, bien plus dommageable que l’absence d’accompagnement.

Et j’en accompagne d’autres sans diagnostic et sans hésiter

Et il arrive aussi que la personne en face de moi me semble assez solide et énergique pour réagencer sa vie et tenter de nouvelles façons de faire pour vaincre son épuisement et ses difficultés. Je tente alors le coup et j’accepte la mission de coaching. Sans me focaliser sur le terme « burnout », et en disant bien que je ne sais pas si c’est « vraiment un burnout ». Je me focalise sur les difficultés vécues par mon client, comme l’épuisement et le stress. Et les choses se passent très bien : mon client réorganise sa vie, adopte de nouveaux comportements et échappe au burnout. Il arrive aussi que, en cours de route, le patient se rende compte qu’il a finalement besoin de repos et/ou d’un avis médical. Nous réajustons alors le suivi en fonction de l’évolution de la situation. Réajustement qui signifie parfois interruption temporaire du suivi : le client recharge ses batteries et revient plus fort pour rebondir.

Et si je doute vraiment trop

Et quand mes doutes sont plus forts que moi ? Et que je ne sais pas si c’est une bonne idée d’accepter la mission de coaching ? Je me tourne vers mes collègues généralistes, psychiatres ou psychologues pour avoir leur avis ou obtenir l’aide dont j’ai besoin pour prendre ma décision.

Et quand le doute me taraude trop fort et que je n’ai pas envie de leur dévoiler ce que je vis comme une fragilité ? J’en parle alors à ma psychologue, lors d’une séance de supervision.

« Une psy, Isabelle ? Vous avez besoin d’une psy ? Alors que vous êtes coach ? Vous savez vous coacher vous-même, non ? »

Eh bien non ! 😉 Je ne me coache pas moi-même… Mes clients me mettent parfois en difficulté ou me renvoient à mes propres zones d’ombre. C’est à ça que servent les intervisions avec mes collègues ou mes supervisions avec ma psy. On en parle une autre fois, d’accord ?

Mes services

Jetez un œil aux autres articles

Comment tu sais que ton client est vraiment en burnout

Coaching & coach, de quoi s’agit-il exactement ?

Isabelle Grisar

Coach spécialisée en prévention du Burnout et transition professionnelle